Artiste/Fabricant(e) Stanisław Chełstowski
Date de production/création
21e siècle
Entrée dans la collection du musée
2016
Lieu d’origine
Janów Podlaski, voïvodie de Lublin, Pologne, Europe
Lieu actuel
National Ethnographic Museum in Warsaw, Warsaw, Poland
Matériau
Acier, découpe, soudure et torsion
Dimension
Hauteur 74cm; Diamètre 45,5cm
Numéro d'inventaire PME 58930/1-2
Mot-clé Maison Pénurie Fait-main
Droits d'auteurs Musée ethnographique national
Statut En réserve
Crédits des images Photo Edward Koprowski
La nécessité est la mère de l’invention. Elle peut aussi être l’ennemie du déchet.
Que nous dit cet objet ? De quelles vies témoigne-t-il ?
Il est difficile de déterminer avec précision quand est née la mode du barbecue en Pologne, étant donné que le traitement thermique de la viande est aussi ancien que les traces des premiers feux de camp. Pour l’anthropologue, un gril de fabrication artisanale évoque au moins plusieurs aspects. Le premier, c’est une manière populaire de passer son temps libre, caractérisée par le barbecue et l’odeur particulière du charbon de bois en train de brûler : amis, bière et musique, peu importe le lieu – il peut s’agir d’un balcon d’immeuble. L’aspect suivant a trait aux habitudes, et plus précisément la formation des habitudes alimentaires des Polonais. Aujourd’hui, le barbecue est la première victime de la politique vegan anti-viande. On trouve comme autre aspect la gestion des déchets en Pologne. Si on n’avait pas fabriqué un barbecue avec ce tambour de machine à laver, c’est le lave-linge tout entier qui aurait été jeté dans la nature.
À quels lieux cet objet est-il rattaché ? Quelle est sa dimension européenne/transnationale ?
Cet objet et sa nature ne sont nullement exceptionnels ni spécifiques à la culture polonaise. La raison de sa fabrication, de même que son objectif, sont de nature profondément humaine : la créativité, la faim et le partage des repas. Seule une couche culturelle, à savoir comment et ce que nous mangeons, où et avec qui, nous distingue les uns des autres : il n’y a rien de meilleur qu’une côte de porc salée cuite au barbecue, servie avec une sauce au miel et à la moutarde et une bière bien fraîche – tiens, j’entends déjà des protestations.
Comment et pourquoi cet objet a-t-il atterri dans les collections du musée ?
Ce barbecue de fabrication artisanale et contemporaine fait partie d’une collection dédiée aux objets de la vie quotidienne dans le cadre de l’histoire de la culture rurale polonaise, caractérisée par une pénurie chronique. Cette pénurie a stimulé la créativité et la capacité d’adaptation. Avec l’essor de l’économie capitaliste et de la société de consommation, ce type de bricolage se voit relégué dans le domaine des loisirs et des savoir-faire. Ces produits sont souvent associés à un statut économique inférieur chez la personne l'ayant fabriqué.
Quel est le lien entre cet objet et les déchets ?
Le principal lien entre cet objet et la notion de déchet au sens large est le concept de réutilisation - le fait de réutiliser un objet existant et de lui donner une nouvelle fonction. Si on le considère comme un produit d’une culture de gestion de la pénurie, c’est alors tout un éventail de concepts qui entrent en jeu, et qui ont trait à l’être humain rabaissé à la catégorie des déchets, et qui vit à la marge, en dehors du contrôle de la société.